Le centre et les anges des quatre directions

Quand un talisman permet un infini d’interprétations...

Talisman, copie d'un motif d'un rouleau protecteur éthiopien.
On pourrait intituler ce dessin "Lui-les-anges",
un ange protège le personnage central détenteur du rouleau depuis
les quatre points cardinaux à la fois, de manière quantique...

Talisman éthiopien, version analogue au premier.

Pour clore cette présentation sommaire des rouleaux magiques éthiopiens, je voudrais donner un dernier exemple de talisman.

"Protège mon cœur, ne lui permets pas d'habiter en un autre lieu ni de dépendre d'une autre personne ou d'un esprit étranger; que mon cœur s'établisse/se rétablisse en moi."

On peut lire ce talisman comme 'Les quatre Anges qui portent les quatre coins du Monde' . Ils sont ailés et gardent les points cardinaux. Alors le Centre est 'La Face divine cachée', ou le Christ Homme-Dieu prototype de la perfection et de la pureté que doit atteindre tout homme. Il y a une certaine analogie entre ce dessin et celui de la Jérusalem Céleste, où le Christ est l'Agneau de l'Apocalypse au centre, et où chaque point cardinal est gardé non par un mais par trois anges.

On rejoint aussi la symbolique du disque P'i, où au centre se trouve 'ce qui est caché' et à la périphérie les manifestations. Le cercle est bouclé.

Mais on peut encore lire ce talisman de manière plus pratique: au centre est le destinataire du rouleau, son ange gardien le garde depuis les quatre points cardinaux à la fois, on pourrait parler de "Lui-les-anges"... Les anges ne se comptent pas quand ils sortent du monde des phénomènes, ils ne se comptent qu'à l'intérieur du monde quantifiable. Toutes ces lectures ne se contredisent pas, les choses s'imbriquent comme des poupées russes, "Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas".

Actuellement ce dessin est toujours pratiqué en Éthiopie, avec des utilisations bien différentes. Ainsi il peut être censé enfermer le démon provoquant la maladie, et faire garder la prison par quatre anges. Les traits encadrant le personnage central ne sont plus vus comme son aura, son rayonnement, ses liens avec le monde et les autres, mais comme des barreaux d'une prison. Tout est question de point de vue, la manière de voir des gens nous apprend souvent bien plus sur eux que la chose qu'ils observent...

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