9.4. Nuit blanche à Bruxelles (01.10.2011)

Archives, 17/12/2011 


Bien que publié très tardivement, ce compte-rendu oublié dans mes archives est nécessaire avant d'aborder mon 'Histoire d'art et de pavés'. Considérons-le comme un premier 'exercice de style'.


Nuit Blanche, carmen hoyos,
« Mirage bleu » de Carmen Hoyos.Hoy. Quai aux Briques. Photo Eric Itschert.


Exercice de style, I 


C’est super chouette, cette nuit blanche ! Le slogan en est « une bouffée d’art dans la nuit ». Iacchos m’accompagne tout le long du périple. 

Ici au moins les artistes ne se prennent pas trop au sérieux (pour autant qu’on ne lise rien sur eux) et en plus c’est gratuit ! J’adore ce côté rétro, ludique et très décadent de l’art contemporain académique ( = ce qu’on apprend à faire dans les académies)

Ce qu’on nous montre reprend des trucs de foire, cela a un petit air vieillot. 

De la foire on retrouve les miroirs (« Dreaming Drops » de Dominika Sobolewska/Le Palais des Sciences asbl) au quai des Briques, les figures de cire (« 7 Lives » de Michael Langeder) un peu plus loin, les rampes colorées (« Flower from the Universe » de Titia Ex) sur la place du Béguinage et l’écume dans « Écume » (collectif) rue du Vieux Marché aux Grains. Mais Dreaming Drops est bien plus beau que ce qu'on peut voir à la foire, il y a une dimension artistique à cette oeuvre, qui manque dans bien d'autres travaux...



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« Dreaming Drops » de Dominika Sobolewska/Le Palais des Sciences asbl.
Photos Eric Itschert. 

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« 7 Lives » de Michael Langeder. Photo Eric Itschert. 

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« Flower from the Universe » de Titia Ex. Photo Eric Itschert. 


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« 45 x Vivants » de Sophie Guyot


Ci-dessus, « 45 x Vivants » de Sophie Guyot sur la Place du Nouveau Marché aux Grains. On apprenait à manier ce genre de structures en architecture à Saint-Gilles dans les années ’70. Photo Eric Itschert. 


Créativité autorisée...


Dans l’église du Béguinage, nous pouvons devenir créatifs de manière « autorisée ». En effet nous pouvons créer en live des « light tags » à l’aide d’un stylet laser (« Light Calligraphy Live » de Nuno de Matos/Matox). Notre « œuvre » est alors projetée en direct sur plusieurs couches de voilage, créant un bel effet de lumière dans l’espace sombre de l’église. 




« Light Calligraphy Live » de Nuno de Matos/Matox. Photo Eric Itschert.


... et créativité sauvage. 


Iacchos décide d’être aussi créatif dans « Mise en Senne » (installation visuelle de l’INSAS dans la rue du Pays de Liège). Il trouve les vidéos aussi ennuyeuses qu’une projection de diapositives d’un oncle à la fin d’un dîner trop arrosé. Une des projections est quasiment illisible et se fait contre le mur d’un vieux bâtiment. Ce qu’on voit surtout est l’ombre de végétations. Iacchos remplit les forêts imaginaires de petits personnages. Il est vite aidé par un jeune spectateur sympathisant et exige de moi de prendre quelques photos. C’est bien plus amusant que cette projection qui doit sûrement être très intéressante (je n’ai pas le même avis que Iacchos) mais dont on n’entend pas bien le son. Iacchos et le sympathisant ont un franc succès avec leurs ombres chinoises. Après les applaudissements, j’ai difficile de leur faire la morale : «il faut respecter les œuvres des autres » ! Mon fou rire achève de discréditer mon discours moralisateur. Il faut dire que Iacchos est assez impertinent et que son jeune âge fait qu’il est sans concessions pour ses contemporains. 




« Petits personnages dans la forêt » œuvre détournée par Iacchos. Photo Eric Itschert. 


Statues de cire qui fondent et qui fument 


Iacchos et moi partons revoir les statues de cire qui commencent à fondre et à fumer, des fois il y a même des petites explosions. La cire est fort à la mode actuellement (cfr. Berlinde De Bruyckere venant récemment saloper l’exposition « Venetian and Flemish Masters » au « Bozar » de Bruxelles avec ses deux immondes figures de cire), probablement que des profs d’académie doivent avoir des actions dans l’industrie de la cire ! On revient donc avec un matériau qui dans la sculpture était utilisé comme étape intermédiaire depuis des millénaires. Ce matériau fut aussi utilisé tel quel pour des figurines à caractère magique et dans les foires pour effrayer le peuple en lui montrant entre autres les ravages causés par les maladies vénériennes. Notre peintre Paul Delvaux en a été assez traumatisé durant sa jeunesse !



« 7 Lives » de Michael Langeder. Photo Eric Itschert.

Sept vies, ce titre me rappelle quelque-chose… Des fois on attribue sept vies au chat, alors que selon les plus anciennes légendes (Egypte antique d’une part et Hindouisme de l’autre) il en a neuf. Ah oui, il y a aussi ce film « Sept vies » qui date de 2009. Par contre le concept de faire s’autodétruire des statues date d’il y a plus de 20 ans. Et début 1992 il a été popularisé par la BD « Chelsy » (Eric Joris et Jean Dufaux aux éditions Glénat). Ah bon me dis-je, on joue « REPLAY »(1)… 




Ci-dessus « Chelsy », tome 2, « Natures… mortes », planche 43, BD par Eric Joris et Jean Dufaux aux éditions Glénat. 



“Replay”, Photo Eric Itschert .


On boit quelques verres et mes photos sont de plus en plus troubles. On décide alors de se frotter au monde de la nuit. On rencontre d’étranges mais superbes créatures, certaines sont grimées et gothiques, d’autres juste très androgynes et très particulières. Un jeune homme très particulier nous mène à un univers de mouvement, de danse et de musique. 



Un jeune homme très particulier nous mène
à un univers de mouvement, de danse et de musique.
photo © Eric Itschert.





Un univers de danse, photos © Eric Itschert.



(1) Tout cela pour dire que quand j’écris « délicieusement rétro » ce n’est pas à la légère : je pourrais analyser chaque « œuvre » et démontrer en quoi elle n’est pas neuve, à l’exception d’œuvres utilisant des technologies nouvelles. Cela n’a aucune espèce d’importance sinon de tordre le cou à l’idée absurde « d’avant-garde » en histoire de l’art. Cela n’a aucun sens d’appliquer l’idée de « progrès » à l’art. Il n’y a qu’en technologie et en sciences que l’on peut parler de progrès. Notre société aurait même plutôt tendance à régresser ! 

Affirmer le contraire est faire dangereusement le jeu du néolibéralisme le plus réactionnaire et s’en faire les complices ! Cela établi on peut profiter de la création de nos contemporains de manière plus sereine car plus objective, débarrassés de la pensée unique qui empoisonne toute critique indépendante dans le milieu « officiel » de l’art (magazines, musées, galeries, foires, académies, livres, ventes publiques, critiques d’art autorisés…). 

La pensée néolibérale se présente comme la seule possible. Le milieu de l’art contemporain mondain est le prolongement de cette pensée unique qui nous est imposée. Il est hors de question de remettre en cause la « doxa » officielle : la spéculation organisée par les « grands » en serait dérangée ! Imaginez un Monsieur (et ses conseillers patentés) devant admettre qu’une partie de la collection rassemblée à grands frais dans un superbe édifice à Venise ne serait que de la merde ! Impensable ! Aussi inimaginable que des spéculateurs de Wall Street faisant amende honorable et se retirant dans un monastère bouddhiste pour méditer durant le reste de leur vie sur les méfaits qu’ils ont commis ! 



Concept de mes photos de nuit : me passer parfois de pied, prendre un objectif fixe très lumineux, mettre l’appareil à 1600 Iso, privilégier l’instant quitte à avoir certaines photos floues, j’adore cela car j’ai aussi beaucoup travaillé en Polaroïd à une époque… 

A lire: une fiction débutant en pleine 'Nuit Blanche': 'Histoire d'art et de pavés'. Cette histoire est aussi disponible en version papier...

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