Des jeunes filles nues
QUATRE
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Viens, je te montre... Caroline, © Eric Itschert |
La lumière du soleil et la gifle de la chaleur me frappent de plein fouet d’un coup double et traître. Ébloui, je me laisse maintenant docilement guider par la fille. Le temps semble s’arrêter un instant et d’autres possibles se révèlent à moi. M’enlaçant au creux de mes reins, elle m’amène devant la porte à l’étiquette et dit : « tu vois, c’est ici que l’exposition a lieu. Viens, je te montre. » Sa main si familière quitte mes hanches et me laissent orphelin.
Je visite l’exposition, articulée en deux parties : la première montre d’anciens manuscrits enluminés sur parchemin, avec des tas de vignettes comportant des sirènes. C’est comme si on avait choisi les pages sur lesquelles ouvrir les livres… La deuxième partie montre des immenses photos contemporaines en noir et blanc. Ces photos exhibent de superbes nus de jeunes filles.
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Des immenses photos contemporaines... Isabelle, © Eric Itschert |
Et puis je trouve, ébahi, des nus de la fille qui m’accompagne, souriante devant mon trouble. « Comment me trouves-tu ? » « Tu es vraiment très belle », dis-je en avalant ma salive. Si certaines photos sont très pudiques, d’autres la montrent sans rien cacher, et ceci avec une précision et une netteté toute particulière dans les détails. On peut la voir dans toutes sortes d’attitudes, les photos sont prises en extérieur, de jour, en plein soleil. Soudain je tombe sur une photo d’elle prise sous un superbe clair de lune et je sursaute : ses longues jambes sont remplacées par deux queues se terminant en nageoires. J’ai déjà vu les photos d’autres filles avec les mêmes transformations, mais l’évidence a attendu maintenant pour s’imposer…
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Sirène nue |
Quand on sort elle me tient la main comme si on se connaissait depuis longtemps. Moi : « Je dois partir. » Elle : « Alors embrassons-nous ? » Elle vient se blottir dans mes bras, je l’embrasse doucement sur ses joues fraîches. Puis elle me demande : « dis-moi au moins comment tu t’appelles ? » J’hésite, car peut-on donner son nom à une sirène sans subir de dommages ? « Donne-moi d’abord ton nom à toi ». En souriant et triste à la fois, elle me répond : « tu l’aurais su si tu étais resté. Salut. Que les étoiles guident ton chemin ». Ensuite elle sourit à nouveau franchement : « merci de m’avoir embrassée, cela ne m’était plus arrivé depuis si longtemps ! » Je pars, essayant de me convaincre d’avoir échappé à une terrible sirène se cachant sous la peau d’une jolie jeune fille…
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