Cosmogonie chrétienne, éléments


Le christianisme est un héritage du judaïsme.


Le christianisme est un héritage du judaïsme : le Christ était un juif vivant parmi les juifs et au départ son message n’était pas destiné aux ‘gentils’ (les non-juifs). Les toutes premières communautés chrétiennes étaient juives, et il était parfois difficile de distinguer les juifs chrétiens des autres. Juifs et chrétiens étaient mélangés les uns avec les autres, et le Christ suivait les prescriptions juives même s’il les contestait parfois. Il n’est donc pas étonnant que la cosmogonie chrétienne soit héritée en droite ligne de celle de la Torah, en particulier de la Genèse (Berēshīṯ : Commencement, En-tête,…).



Dieu Architecte de l’Univers. Bible française du XIIe siècle, Bibliothèque Nationale de Vienne.
 (Source : commons Wikimedia).
 A remarquer que Dieu n’est pas représenté en tant que tel : c’est la figure du Christ qui évoque le Père créateur.


Dieu est le créateur de l’homme et de l’Univers.


La Genèse commence par un récit des origines, la création du monde par Dieu, suivi de la création du premier couple humain. L’homme est considéré comme le centre de l’Univers, et tous les corps célestes tournent autour de notre terre qui est le centre de la création.


Evolution de la cosmogonie chrétienne à la Renaissance : le Tarot de Mantegna.


Les « Tarots de Mantegna » forment l’une des plus précieuses suites d’estampes des débuts de la gravure italienne. Leur appellation prête à confusion : ce ne sont pas des tarots, ces gravures sont parfois éditées en livrets, et elles ne sont pas une création de ou pour Mantegna. Le style de ces gravures est celui de l’Ecole de Ferrare. Elles illustrent la vision d’un humaniste : le cosmos est représenté comme un tout animé et cohérent, et l’homme est le microcosme de l’univers. L’homme est en même temps influencé par les étoiles, et en même temps il conserve son libre arbitre comme l’affirme Dante. Ces gravures présentent un ordre hiérarchisé et idéal, de l’être le plus inférieur jusqu’à Dieu. Elles sont images initiatiques reflétant l’idéal de la Renaissance : union de l’antiquité païenne et de la religion chrétienne, découverte des sciences et recherches astrologiques. Ces images ont un caractère néo-platonicien : harmonie du monde, interdépendance de chaque partie du monde. L’homme est destiné à s’améliorer sans cesse et à rechercher la spiritualité absolue.


J’ai choisi de vous présenter deux gravures…


J’ai choisi de vous présenter deux gravures : le numéro 33 « Cosmico » (le Génie du Monde) et le numéro 50, « Prima Causa » (La Cause Première), dernière gravure et résumé d’une série de cinquante gravures.


La gravure « Prima Causa »


La gravure « Prima Causa » résume les connaissances encore médiévales de l’univers ptolémaïque, seul connu aux XIVe et XVe siècles. La terre est le centre, les sphères gravitent autour de la terre. Par ordre, du centre à la périphérie nous avons : le monde élémentaire constitué des quatre éléments (terre, eau, air, feu), et le monde céleste formé de douze ciels. Les onze ciels sont les suivants, du centre à la périphérie: les 7 planètes mobiles soit la Lune, Mercure, Vénus, le Soleil, Mars, Jupiter et Saturne, la sphère des étoiles fixes soit « le ciel du firmament », le neuvième ciel ou « cristallin » auquel se superpose le « premier mobile » cause de tout mouvement, et enfin les trois cercles dits « de la Trinité » (10ème, 11ème et 12ème). Ces trois derniers cercles sont ceux de la Trinité telle qu’elle se révèle à travers le monde des phénomènes. A chaque « personne » de la Trinité se superposent trois ordres du monde angélique. Donc il y a neuf ordres angéliques dans trois cercles. Si on suit Dante, ce dernier ne parle que du dixième cercle et il le nomme « empyrée ». L’empyrée est, littéralement, la « sphère de feu », et elle fait face à Dieu. Dans l’empyrée se retrouvent les bienheureux. L’ascension des âmes vers le paradis se fait à travers les paliers successifs des sphères planétaires. Ceci est caractéristique des religions du Livre: l’homme et Dieu se retrouvent dans un face à face, ils ne se superposent pas (voir introduction).



Deux gravures du « Tarot de Mantegna » : en haut la dernière gravure, « Prima Causa », la cinquantième et le résumé de la série. En bas la trente-troisième gravure, « Cosmico »



La gravure « Cosmico »


La gravure « Cosmico » est particulièrement intéressante. Elle se démarque ainsi que celles des deux autres génies par sa nouveauté par rapport aux concepts purement chrétiens de l’époque. On retourne à des concepts antiques, dont celui du temps circulaire dans la gravure « Chronico ». « Cosmico » montre le Génie du Monde portant le Monde. On assiste à une représentation en « poupées russes » : le Génie du Monde est lui-même dans un univers phénoménal, avec des arbres au loin. Il y a le Monde, le génie du Monde dans un Monde parallèle. Ce n’est pas un hasard, cette représentation souligne l’interdépendance de toutes choses. Elle nous raconte que tout ce qui est en haut est comme tout ce qui est en bas…

(Bibliographie pour ce paragraphe : Gisèle Lambert in « Tarot, jeu et magie » édité par « Bibliothèque Nationale », 1984; « Le Langage Secret des Etoiles et des Planètes » par Geoffrey Cornelius et Paul Devereux).


Cosmogonie chrétienne contemporaine


Il faut attendre Copernic pour que l’homme perde sa place de centre de l’Univers. Aujourd’hui bien des chrétiens ont compris que non seulement notre terre n’est qu’un minuscule point parmi des milliers de galaxies, mais que notre Univers même n’est plus qu’un point parmi d’autres… Ils défendent l’hypothèse de l’ordre contre celle du hasard, l’hypothèse que les constantes physiques et les lois physiques ont été réglées dès le Big Bang. Pour prendre un exemple, s’il y avait eu une infime variation au départ jamais le carbone n’aurait pu se former dans les étoiles. Cela aurait empêché l’émergence future de la vie. Tout s’est passé comme si, dès le départ, la Transcendance avait ajusté les constantes pour que l’homme émerge. Jamais le hasard n’aurait pu tomber juste sur les bonnes valeurs originelles…


Cette note sera prolongée par « Le tétramorphe, un mandala chrétien ».

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