Le disque pi
Origine et histoire
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Disque pi, Huan, Royaumes Combattants, 480-221 av. J.-C., Musées royaux d’Art et d’Histoire à Bruxelles, inv. EO1717. |
Un pi ou p’i est un disque de pierre légèrement bombé et percé en son centre d’un trou rond. Les plus anciens p’i proviennent de Chine et sont en jade. Le jade peut avoir de nombreuses teintes, allant du blanc au brun presque noir, en passant par le vert, le bleu et le rouge. On parle aussi de « pierre pi ».
Les premiers souverains utilisaient les p’i dans les cérémonies où ils faisaient appel aux esprits célestes en sacrifiant des animaux. On en trouve déposés dans des tombeaux chinois datant du Néolithique (il y a cinq mille ans). Ils sont déposés en nombre sur le corps pour le protéger et faciliter son accès au ciel. "La fabrication de disques p’i remonte au Néolithique, à la culture de Liangzhu (3300-2000 av. J.-C.) et s’est poursuivie sur plusieurs millénaires, pour fleurir à la dynastie Han (206 av. J.-C. à 220 ap. J.-C.)." (Musées royaux d’Art et d’Histoire à Bruxelles)
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Disque pi à motifs de boutons, dynastie des Han occidentaux, 206 av. J.-C. à 9 ap. J.-C., Musées royaux d’Art et d’Histoire à Bruxelles. |
Symbolique
Le disque p’i est une des représentations chinoises les plus épurées de l’univers et de l’inconnaissable, du monde matériel et de l’ineffable, du manifesté et du non manifesté, de la terre et du ciel.
La pierre P’i résume des concepts essentiels : son centre évoque, par le vide du trou, l’Ineffable. Ou encore l’inconnaissable, le non manifesté, le ciel, l’inexprimable.
Souvent le centre est réservé à ce qui est le plus élevé, le plus grand que tout. Prenons trois exemples : les mandalas dont Bouddha est le centre pour le bouddhisme, le labyrinthe chrétien où le centre représente la Jérusalem céleste, et le Linga au centre du socle avec réceptacle pour évoquer Shiva dans l’hindouisme.
La « présence » de ce vide est rendue manifeste par la matière (la pierre) qui l’entoure. Nous sommes esprit et matière, pensée et terre, âme et animalité. Une vie sage serait de suivre la voie du milieu, celle qui fait chanter la cohabitation entre âme et matière, chacune révélée par l’autre.
L’artiste plasticien - en dehors des artistes conceptuels qui se sont appauvris en s’enfermant dans la prison de l’intellect - est par excellence le révélateur de sentiments, de sensations, d’émotions et d’autres éléments à première vue inexprimables, à travers la matière et la forme…
Des architectes aiment citer ce vieil adage : « Dieu est le cercle dont le centre est partout et la circonférence nulle part ».
La pierre p’i portée comme amulette
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Disques pi contemporains, le plus souvent portés en pendentif |
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