6.2. Tripode et dessin de chèvre-pied
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| Tripode en bronze, Archéosite d'Aubechies-Beloeil. |
Dans la villa romaine il y a un magnifique tripode en bronze. C’est une reconstitution d’un brasero découvert à Pompéi, et exposé au « Museo Archeologico Nazionale di Napoli ». Il est composé de trois pieds en forme de faune ithyphallique. Ces jeunes satyres sont des chèvre-pieds ou égipans. Le tripode porte un lébès ou bassin, en forme de corbeille, servant à contenir des braises rougeoyantes. Il sert comme chauffage d’appoint, supplétif au chauffage sur hypocauste.
Les romains vivaient dans le symbole. Rappelons le sens de certains mots…
Ithyphallique
Le phallus en érection se retrouve dans un grand nombre de statues romaines. Il symbolise le culte sacré de la vie, exactement comme celui du linga en Inde. La sexualité est vue comme source de force et de fertilité, elle est belle et sacrée.
On est bien loin des conceptions anglo-saxonnes où l’acte qui donne la vie est considéré comme sale et honteux. Dans leurs films les protagonistes font l’amour habillés, et 75% de la production pornographique vient des U.S.A. La pornographie est à l’opposée d’Éros. Les anglo-saxons d’Amérique sont plus proche de Thanatos que d’Éros, ils n’hésitent pas à sacrifier mois après mois leur jeunesse au culte aveugle des armes.
Le culte du phallus en érection est associé à Dionysos, mais aussi à Hermès, dieu de la fertilité et de la bonne fortune. Voilà pourquoi Hermès aurait transmis une part de sa force aux égipans, et de là à Dionysos, bien présent dans la demeure.
Chèvre-pied ou égipan
Chèvre-pied veut dire : qui a des pieds de chèvre. Bien des satyres et des faunes sont des chèvre-pieds. En plus de pieds de chèvre, ils ont des cornes, des oreilles de chèvre, des sabots fendus et une queue soyeuse, souple et mouvante. Ils sont de la descendance innombrable de Pan, le dieu protecteur des bergers et des troupeaux, le dieu de la puissance sexuelle. Pour cette raison ils sont encore appelés égipans.
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| Tripode en bronze, Archéosite d'Aubechies-Beloeil. |
Le Mystère parmi tous
Le Mystère parmi tous est le feu qui nous habite, la force animale qui nous pousse à transmettre la vie.
Trois faunes ithyphalliques gardent donc le brasero, qui contient le feu qui chauffe et brûle en même temps, tel le feu de la passion. Les corps des faunes sont merveilleusement beaux dans leur grâce juvénile, fiers d’une virilité que le geste de leur main gauche ouverte, tendue en avant, semble venir souligner. La main gauche est celle de l’intimité et de l’intériorité, la droite celle de la communication.
Ils sont chèvre-pieds, leurs corps se terminent sur des pieds de bouc élancés, étroitement serrés et fortement contractés. Leurs fesses sont creusées, comme lorsqu’ils peuvent enfin assouvir le feu qui les habite en ondulant soudés à l’élue jusqu’à en être temporairement délivré.
La main tendue en avant est en même temps mise en garde et invitation.
Mise en garde : attention, le feu brûle, n’approche pas de trop près. Si tu t’approches, maîtrise tes passions sinon elles te dévoreront comme le feu. ‘Maîtrise tes passions’ et non ‘tue tes passions’ comme exigé dans trop de textes moralisateurs débiles et débilitants.
Invitation : comme le geste d’une des quatre mains, paume ouverte, de Shiva Nataraja, la main invite. ‘Viens à moi’ ! Mais tu dois en être digne, comme tu dois être digne des désirs qui t’habitent : n’oublies jamais que tu es un homme, associe tes désirs à tes idéaux d’homme, ne les sépare pas. Ne manques jamais de respect pour l’autre ni pour toi-même, tu deviendrais un profanateur.
C’est donc une invitation à participer au mystère de la vie de manière authentique et juste…
Une illustration
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| Égipan, illustration numérique © Eric Itschert. |
Voir le dessin original? Attention, âmes sensibles s’abstenir car certains mystères ne sont pas destinés à tout le monde. Même si on les dévoile en public sous forme de brasero…
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