10.11. L'idéal naturiste
Archives, 14/10/2009
Récit de voyage, extraits.
Bélézy, un lieu de naturisme.
Fille au bord de la piscine, aquarelle et crayons de couleur, © Eric Itschert |
Le domaine de Bélézy est un centre de camping naturiste. Si j’y vais en vacances en été, invité par des amis, c’est parce-que j’ai intégré l’idéal naturiste. J’y retrouve comme un goût de l’éden perdu. C’est aussi ce qui explique pourquoi je représente si souvent des personnages nus dans mes tableaux.
Des personnages souvent nus dans mes tableaux.
C’est petit à petit que j'ai découvert l'idéal naturiste (1). Si cet idéal est tout à fait intégré dans les pays scandinaves et en Allemagne (je rappelle que je suis d'origine allemande par mon père), il est encore trop étranger à la mentalité des pays méditerranéens et anglo-saxons. Cet idéal insiste sur une philosophie et une hygiène de vie, il est imprégné de respect pour le corps humain, l'environnement et la nature. Un des adages que beaucoup de naturistes ont repris est « une âme saine dans un corps sain ».
Les personnages de mes tableaux vivent donc nus, libres, ils retrouvent l'éden perdu.
La nudité, comme tout le reste dans ma peinture, a aussi une charge symbolique. Elle signifie un retour à la simplicité naturelle et à l'authenticité. Elle implique que chacun s'accepte et accepte l'autre tel qu'il est, avec ses particularités propres. Elle contient un respect inné de l'autre. Elle représente tout un ensemble de valeurs.
Dans mes tableaux les personnages vivent une situation idéale : ils vivent nus dès qu'ils en éprouvent le besoin. Ils ne doivent plus se défendre du regard de l'autre, ils ne sont plus perçus comme objets de convoitise, mais comme âme sacrée dans un corps sacré. Ils sont libres, la liberté de leur corps en témoigne. Chacun fait don de sa nudité à l'autre, par amour pour soi et pour l'autre. Chacun a accès à la sensualité de la caresse du vent et du soleil sur son corps nu sans que celui-ci soit automatiquement ramené à la sexualité parce que nu. Vivre nu dans la nature, c'est retrouver le chemin vers les sensations de son propre corps.
En tête un dessin aquarellé d’une fille nue au bord de la piscine de Bélézy et ici-bas deux photos de la même piscine.
Grande piscine de Bélézy, photos © Eric Itschert |
(1) Il y a une véritable éthique naturiste. Le naturiste est tout d'abord profondément humaniste, tolérant, méfiant par rapport à tout dogme imposé. Je ne crois pas que le naturisme ait pour objectif de créer une société nue ; je serais le premier à m'y opposer comme à tout autre dictat. Le naturisme revendique simplement la pratique de la nudité dans des coins de nature, de plage ou chez soi. Pouvoir vivre nu quand les circonstances s'y prêtent, mais sans jamais oublier le respect de l'autre ni le souci de ne pas provoquer ceux qui ne partagent pas cet idéal ou ceux dont la culture est différente.
Je crois que quelqu'un qui veut vivre le naturisme de façon intense va forcément arriver à une conception holistique de cet idéal. Pour prendre un exemple, à partir du moment où on se permet d'être plus à l'écoute de son corps, on va forcément s'interroger aussi sur la qualité de l'alimentation et de l'environnement. On tendra tout naturellement vers une attitude écologiste parce qu'on aura renoué des contacts avec la nature. Le naturisme est source d'équilibre par ce contact étroit avec la nature. Nous oublions trop souvent que nous faisons partie intégrante de cette nature, négligeant ainsi notre corps et ouvrant la porte au mal-être et aux maladies.
C'est dommage que dans la société latine et anglo-saxonne la nudité soit encore si souvent considérée comme une atteinte à la pudeur alors que dans le nord-est de l'Europe elle est naturelle. Cette confusion n'existe pas dans cette dernière région : la nudité n'attente à la pudeur que si elle est liée à un comportement impudique, elle n'est pas bonne ou mauvaise en soi, c'est ce qu'on en fait qui est bon ou mauvais. Pour le reste, là-bas, ce sont les circonstances et le respect de l'autre qui font que l'on puisse entièrement se déshabiller ou non. Pour finir voici la réflexion d'une jeune allemande à propos des mœurs en Italie : « c'est dommage, ici il n'y a que les statues qui peuvent vivre nues au soleil... »
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