Le sourire du garçon androgyne


Les statues n’ont pas terminé leur autodestruction programmée quand Iacchos et moi on décide d’aller boire un verre sur l’autre quai.



Une artiste y a organisé un changement de microclimat...


Une artiste y a organisé un changement de microclimat et des nuages de brume froide se lèvent. C’est comme si on marchait dans les nuages. Tout un bâtiment a été emballé par les artistes Jean-Claude et Christa, ils font fureur en ce moment à Bruxelles. La brume gagne en importance. D’étranges mais superbes créatures s’y promènent, souvent grimées. Ici, c’est le monde du rêve et de la nuit profonde qui commence. Un groupe de filles gothiques nous croise. Elles sont habillées de noir et vêtues de bijoux inquiétants. Elles ressemblent à des vampires, avec leurs canines effilées. Par endroits, la brume plus haute efface tous nos repères. Un jeune homme très particulier et très androgyne émerge de la brume et nous sourit. Le sourire mystérieux du garçon est comme une invitation, et on le suit. 



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Le garçon androgyne entre... photo © Eric Itschert


Le garçon androgyne entre dans un magnifique hôtel de maître dont le porche ouvre tout grand sur des lumières de fête. Un cerbère au costume tout noir et aux lunettes assorties tente de nous arrêter.

-  Laisse-les entrer, dit le garçon, ils sont mes invités.

Le cerbère nous salue et on passe le porche. Iacchos murmure à mon oreille:

-  Ça alors, j'ai l'impression que c'est une soirée privée!
-  Je crois que ton merveilleux minois nous sert une fois de plus de sésame-ouvre-toi.

Iacchos me regarde un peu inquiet, mais à mon grand sourire il devine de suite que je viens de le complimenter et non de lui faire des reproches. 

- Venez, nous lance le charmant garçon androgyne d'une voix chaude et presque liquide.


On suit notre hôte dans un univers magique de mouvement, de danse et de musique. La maison est absolument splendide. Après avoir gravi un grand escalier on trouve de quoi nous désaltérer. C'est une soirée de jeunes, on y voit même de-ci de-là des adolescents, et il n'y a pas d’alcool au buffet. Cela me rassure et quand Iacchos me demande de rester encore un peu pour écouter de la musique et danser, je n'y vois aucune objection. 


Un garçon encore plus androgyne que le premier, aux cheveux bouclés noirs mi-longs et au visage d'ange, ne cesse de regarder langoureusement Iacchos de ses grands yeux noirs aux longs cils. Ses vêtements tout noirs sont élégants et choisis avec recherche. Il porte un joli collier de cuir noir avec trois perles d'or, la plus grosse au milieu, et une bague en or assortie au collier. Après bien des soupirs il finit par se jeter à l'eau et invite Iacchos à danser. Sa voix en mue d'adolescent et un détail de son anatomie trop visiblement moulé dans ses jeans par son émotion achève de dissiper tout doute sur son sexe. Il n'a de l'ange que l'apparence. 


Moi je me sens un peu déplacé en ce lieu, et puis j'ai envie de continuer à visiter des choses. Une installation dans l’église du Béguinage une rue plus loin m'intéresse particulièrement. Je conviens avec Iacchos d’un endroit où se retrouver. Je le laisse se débrouiller avec l'adolescent visiblement très amoureux, on vient probablement d'assister à un coup de foudre. Décidément, les rares fois où Iacchos et moi on sort dans la ville, sa compagnie est de suite recherchée. Je morigène Éros l'enfant si cruel et si joueur. Iacchos a vingt ans maintenant, et il recherche plutôt la compagnie de personnes plus mûres, malgré son apparence adolescente. En même temps je sais que Iacchos quittera l'adolescent avec beaucoup de délicatesse et de gentillesse, et il n'oubliera pas de le complimenter sur sa beauté.










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