Un lendemain bleu, blême et froid
Le lendemain est un jour bleu, blême et froid. Un lendemain de fête, très triste. Devant le bassin gisent, désarticulés et couchés, des cadavres de statues de cire, lâchement abandonnés par leur concepteur. C’est un sort pire que celui du golem ! Après quelques larmes sur la condition de l’image de l’homme, je me glisse devant le portail de l’église du Béguinage.
Une voix moqueuse me murmure... |
Une voix moqueuse me murmure :
- Ah mon cher Eric, ce n’est pas solide l’art contemporain académique ! Eh oui, ça fond, ça fume, et le lendemain c’est tout juste bon à mettre sur la décharge publique ! Nous sommes de modestes décorations de portail mais on est toujours là !
- Ah mon cher Eric, ce n’est pas solide l’art contemporain académique ! Eh oui, ça fond, ça fume, et le lendemain c’est tout juste bon à mettre sur la décharge publique ! Nous sommes de modestes décorations de portail mais on est toujours là !
Soudain je reconnais enfin un des deux êtres :
- Icare ! Qu’est-ce que tu fous là ? Arrête de te déguiser en angelot de portail ! Reviens poser dans l’atelier, j’ai besoin d’un modèle…
Icare sort du portail et m'apparaît dans toute sa beauté solaire, nu, ailé, le soleil du matin caresse sa splendide peau de pêche. Un moment je lis défi et moquerie narquoise dans ses yeux, aussitôt après une lueur de grande tendresse qui efface les ombres du matin. Un curé venu pour ouvrir les portes de l'église se pétrifie, tout rouge et les yeux écarquillés: un jeune homme entièrement nu, sur la place! Je me tourne vers Icare, un peu injuste:
- C'est malin! Il n'est pas habitué à voir cela, il va faire une attaque!
Mais Icare s'est déjà transformé, ses ailes ont disparu et il est habillé. D'habitude il ne s'habille jamais, il préfère voler dans les airs plutôt que de marcher dans la rue. C'est pour moi qu'il le fait et cette pensée achève d'enlever en moi toute trace de mauvaise humeur. Maintenant il me suit docilement dans les vieilles rues de Bruxelles, les yeux baissés...
- Icare ! Qu’est-ce que tu fous là ? Arrête de te déguiser en angelot de portail ! Reviens poser dans l’atelier, j’ai besoin d’un modèle…
Icare sort du portail... Illustration © Eric Itschert |
Icare sort du portail et m'apparaît dans toute sa beauté solaire, nu, ailé, le soleil du matin caresse sa splendide peau de pêche. Un moment je lis défi et moquerie narquoise dans ses yeux, aussitôt après une lueur de grande tendresse qui efface les ombres du matin. Un curé venu pour ouvrir les portes de l'église se pétrifie, tout rouge et les yeux écarquillés: un jeune homme entièrement nu, sur la place! Je me tourne vers Icare, un peu injuste:
- C'est malin! Il n'est pas habitué à voir cela, il va faire une attaque!
Mais Icare s'est déjà transformé, ses ailes ont disparu et il est habillé. D'habitude il ne s'habille jamais, il préfère voler dans les airs plutôt que de marcher dans la rue. C'est pour moi qu'il le fait et cette pensée achève d'enlever en moi toute trace de mauvaise humeur. Maintenant il me suit docilement dans les vieilles rues de Bruxelles, les yeux baissés...
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