12.11. Le Panthéon

Le Panthéon de Rome.

Alexandra à la fontaine devant le Panthéon de Rome.

Le Panthéon de Rome est un des monuments antiques les mieux conservés du monde. Ce temple antique situé sur la piazza della Rotonda fut bâti à l'origine sur l'ordre du Consul Vipsanius Agrippa au premier siècle av. J.-C. Il était de forme rectangulaire. Endommagé par plusieurs incendies, il fut entièrement reconstruit sur ordre de l'empereur Hadrien, entre 118 et 128 après J.C. Il se présente comme une imposante masse cylindrique précédée par un pronaos posé sur des colonnes et surmonté par un grand tympan.

Le Panthéon de Rome, l'intérieur du pronaos.

Le nouveau temple ne garda du tracé de l'ancien que le pronaos. L'inscription de l'architrave M(arcus) Agrippa L(uci) F(ilius) Co(n)s(ul) Tertium Fecit a donc été posée par Hadrien, qui n'avait pas pris l'habitude de faire figurer son propre nom sur les monuments construits sous ses ordres. Un aigle couronné, en bronze, décorait le tympan. Le plafond du pronaos était lui aussi orné de bronze. Mais le pape Urbain VIII  de la famille Barberini le fit ôter, ce qui fit dire aux romains, toujours gouailleurs: "Quod non fecerunt Barbari, fecerunt Barberini". À l’origine, le Panthéon était un temple dédié à toutes les divinités de la religion antique.

Il fut converti en église en 609, depuis lors l'église a rang de basilique et est dédiée à Santa Maria ad Martyres. C'est l'empereur byzantin Phocas qui donna ce temple païen au Pape Boniface IV, afin qu'il le transforme en église chrétienne, et c'est à ce geste que nous devons la préservation de l'édifice. Car si c’est le plus grand monument romain antique qui nous soit parvenu en état pratiquement intact, c'est en raison de son utilisation ininterrompue jusqu'à nos jours. Même les portes en bronze massif ont échappées à la refonte et datent de l'empereur Hadrien. Le Panthéon a donné son nom à un quartier de Rome.

Le temple perdit donc son aspect universel face à l'arrivée de la nouvelle religion chrétienne. Alors que cette religion avait subi des persécutions, elle prit le relais aussitôt installée et persécuta à son tour avec autant d'acharnement tout ce qui n'était pas elle. Le temple fut occupé par des tombes, dont celles des Rois Victor-Emmanuel II et Humbert I, mais aussi celle de Raphaël. Comble de l'ironie, l'Église de Rome consacra ce temple devenu basilique aux martyrs, les siens bien sûr, pas ceux qui furent massacrés parce-qu'ils adoraient les anciens dieux.

Le nom et le bâtisseur.

Le nom du Panthéon est issu de l'adjectif grec πάνθειον / pántheion, dans lequel on retrouve les racines πάν, 'pan', tout, et θεός, 'theós', dieu. La plupart des auteurs latins le nomment sous la forme grecque 'Pantheon'. La forme latinisée Pantheum se retrouve chez Pline l'Ancien.

Bien que le monument ait été initié avant lui, l'empereur Hadrien s'attacha à reconstruire le nouvel édifice avec un soin particulier. Cet empereur hellénisant était particulièrement cultivé et curieux. Il prônait l'ouverture, la paix et la tolérance. Il détestait le fanatisme religieux et déplora la guerre qu'il dut mener aux juifs (seconde guerre judéo-romaine). Il fut l'un des plus grands bâtisseurs de tout l'Empire, on ne compte pas les constructions qu'il doit à son actif. Son règne marqua l'apogée de l'Empire romain.

Le Panthéon était donc dédié à tous les dieux y compris le dieu inconnu, et dans les niches de la rotonde il y avait des statues de dieux.

La prouesse architecturale.

Le Panthéon supporte la plus grande coupole de toute l’Antiquité, et la plus grande du monde en béton non armé encore actuellement. Après presque deux millénaires, cette construction remarquable ne présente toujours aucun signe de faiblesse de sa structure. Tout cela en dépit des mutilations volontaires et des tremblements de terre.

Il est désolant de lire et d'entendre les commentaires au sujet de l'architecture de ce bâtiment, dus à l'ignorance de comment fonctionne la stabilité de l'édifice. Bon, d'accord, je suis Architecte. Cela aide. Oui, la coupole est légère et la rotonde est massive. L'un ne va pas sans l'autre, et on aura le même problème plus tard pour la basilique Sainte-Sophie de Constantinople (Istanbul). Le mur doit supporter les gigantesques poussées latérales de la coupole. L'édifice a été construit pour donner une impression de légèreté à l'intérieur.

Le gigantesque cylindre a un mur de six mètres d'épaisseur, partagé en trois ordres superposés, soulignés extérieurement par des corniches Et plus elle s'élève plus la maçonnerie devient légère. Car l'épaisseur des parois n'est pas pleine, plusieurs voûtes en brique le permettent. La hauteur de la rotonde est rigoureusement identique à la largeur du diamètre, soit 43,80 mètres (43,30 selon d'autres sources).  La coupole est parfaitement hémisphérique, et un des plus grands tour de force fut d'éclairer le temple par un œil central au sommet de la coupole, qui fait 8,92 mètres de diamètre et conserve encore une partie du revêtement originel en bronze. Pour diminuer son poids, l'épaisseur de la coupole diminue plus on s'élève. Elle n'est pas pleine, les caissons allègent l'ensemble tout en le gardant stable. Elle fut coulée d'un seul jet, en béton non armé, sur un coffrage en bois, et depuis lors rien de tel ne fut plus jamais fait.

Le Panthéon de Rome, la coupole et l’œil vus de l'intérieur.
Toutes photos © Eric Itschert

L'éléphant de la place de la Minerve.

La statue de l'Éléphant.

La statue de l'Éléphant supportant un obélisque fut conçue par le Bernin, et fut considérée par ses contemporains comme une de ses inventions les plus originales. En effet, ce n'était pas évident de construire un socle à l'antique obélisque du VIième siècle av. J.C. ramené d'Égypte. L'inscription grandiloquente du socle célèbre la puissance de l'intellect (l'éléphant) capable de soutenir le poids du savoir (l'obélisque). On a quitté le symbole, on entre dans l'allégorie...

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