Une cosmogonie shivaïte

Shiva le roi des danseurs, Musées royaux d'art et d'histoire à Bruxelles,
Photo © Eric Itschert


De l’hindouisme des brahmanes (1) je ne puis rien dire. Rappelons seulement que cette forme d’hindouisme croit en la trilogie Brahma – Vishnou – Shiva. Brahma crée, Vishnou maintient et Shiva détruit l’univers, puis tout recommence. Mais il y a des milliers de formes d’hindouisme, cela vient de la particularité propre aux courants religieux d’Asie : ils n’ont ni prophètes ni dogmes imposés. Je vais donc considérer les choses de la manière shivaïte (2). Ici Shiva est "Dieu Un, Origine de l’univers et des autres dieux". Shiva crée, maintient et détruit l’univers à lui tout seul.





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Deuxième cercle, cosmogonie shivaïte.


Traçons un deuxième cercle pour aborder la cosmogonie shivaïte (ci-haut).


Ici le monde des phénomènes n’est pas séparé de l’Atman (que nous désignerions par Hachem). L’Atman interpénètre tout et nous sommes tous âtman (3) en Atman. Mais la plupart d’entre nous l’ignorent. Shiva est l’Atman se rendant visible dans le monde des phénomènes.


Le mal n’est pas une chose existante en elle-même…


La question du mal est résolue autrement. Le mal n’est pas une chose existante en elle-même. Le mal est un « manque d’être », comme l’obscurité est manque de lumière et le froid manque de chaleur. Si le monde des phénomènes est fait de pleins et de vides, c’est que pour certains penseurs occidentaux influencés par l’Inde il sert d’école permanente. On ignore pourquoi on se retrouve dans ce monde et la question du « pourquoi » ne peut même pas être posée. En tout cas ce n’est pas en raison d’un « péché originel ». L’homme a plusieurs vies, c’est son « karma » qui influence ses réincarnations. Il n’existe ni mal absolu ni enfer éternel. Il n’y a que des enfers provisoires, ceux que nous avons-nous-mêmes créés par notre ignorance. Le temps est cyclique. Le passé influence le présent et le futur, mais présent et futur réécrivent aussi le passé dans un univers en perpétuel mouvement, où rien n’est jamais stable ni définitif. Tout est interdépendant.


Le karma ne résulte pas d’une punition ou d’une récompense…


Le karma ne résulte pas d’une punition ou d’une récompense pour actes passés, mais d’une conséquence de nos actions aussi logique que celle où on renverse son verre d’eau : on a soif parce qu’il n’y a plus rien à boire et non parce qu’on est puni d’avoir renversé son verre. Certes l’homme qui se réincarne oublie ses autres vies, mais il est tellement modelé par ses vies et ses actes qu’il en reste une influence durable sur sa constitution, ses potentialités, ses dépendances et ses actes futurs; aucun acte n’est sans conséquence. Nos actes et nos pensées nous forgent. Ils exercent également une influence sur notre environnement, qu’il soit humain, spirituel ou simplement physique. L’homme est responsabilisé (et non culpabilisé) étant lui-même part d’Atman (Hachem).




(1) Nous occidentaux sommes des intouchables pour eux. L’hindouisme des brahmanes et son système de castes aurait été introduit en Inde lors de l’invasion des aryens.

(2) Dans les années septante, bien des occidentaux sont partis en Inde et ceux qui en sont revenus ont apporté des pratiques de yoga et de méditation. Ils se réclament parfois du Dieu Shiva, et entretiennent leurs propres mythes à ce sujet. Shiva est vénéré par bien des intouchables. C'est un dieu dravidien. Les Dravidiens sont un peuple indien pré-aryen. Selon eux ils ont été repoussés dans le sud de l’Inde par les invasions aryennes. Ils sont sombres de peau et sont considérés comme des intouchables par les nouveaux arrivants. Et Shiva a été relégué par les aryens au rôle de dieu destructeur.

(3) Le terme âtman désigne l’âme humaine. L’âme se réincarne constamment jusqu’à sa purification complète, alors elle s’unit à l’Atman. L’homme possède, comme en Egypte antique, plusieurs composantes : le corps physique, le corps astral et le corps causal ; tous trois ont un jour une fin, mais pas l’âme qui est immortelle et qui est en fait « part » d’Atman. L’âme est une entité éternelle, indivisible et inanalysable à l’image de l’Atman (Hachem).





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