Grado

Archives, le 27 juillet 2012


Après avoir visité Aquilée, nous continuons notre route en direction du sud et de la mer Adriatique. La plaine cultivée laisse la place à l'eau de la lagune sans aucune transition. La route continue sur une étroite bande de terre qui traverse la mer. Au loin on voit des îles, on frôle l'Isola Gorgo et la route va au-delà. La lagune est sauvage. Le soir n'est plus tellement loin. Nos hôtes nous racontent l'histoire très dure de la région lagunaire de Grado. La mortalité y était terriblement élevée, la population était entre autres décimée par la malaria. Mussolini s'organisa pour assainir et moderniser la région (il devait aussi à son actif l'assèchement des Marais Pontins). Mais à Grado il fit ceci d'une manière abominablement brutale. Il déménagea de force une partie de la population de la plaine vers la lagune. Ensuite il compléta la population des plaines par des familles des montagnes; il fallait que la terre continue à être cultivée. Une part non négligeable des populations déménagées mourut au cours des travaux d'assainissement. Les alliés achevèrent l'assainissement de la région en terminant l’éradication des moustiques à coup de DDT et la région fut enfin totalement débarrassée de la malaria. 


Enfin on accède à Grado et son port de plaisance. Autrefois le port accueillait les navigateurs avant qu'ils ne remontent jusqu'à Aquilée par le fleuve Natissa. La petite ville de Grado est très touristique pendant l'été, il y a une belle plage de sable fin avec des parasols et des pliants, c'est un des endroits de villégiature préféré des Autrichiens. Pour rappel, Grado est construite sur une presque-île. La ville fut fondée en 452, lorsque de nombreux habitants d'Aquilée fuirent leur ville en raison des raids des Huns d'Attila. Ces habitants vinrent s'établir sur l'île en raison de sa position défensive. En 568, suite aux invasions des Lombards, le patriarcat d'Aquilée fut lui aussi transféré à Grado. Cette ville est fascinante : elle est fort ancienne et semble pourtant si fragile entourée de toutes parts d’eau. 


Heureusement le centre historique de la ville a gardé son charme, il est dédié aux piétons. Et là je vais d'étonnement en étonnement. Il y a un dédale de rues étroites, les maisons en pierre sont vraiment très anciennes, une muraille et un empierrement plus récent coté mer protègent la vieille ville et son port des tempêtes et des marées hautes. Car la ville est aimable en été, mais on devine un climat rude en hiver. Si je dois me représenter l'antique cité légendaire d'Ys, pourtant bretonne et au nord, je ne puis trouver mieux que Grado. Une partie de la ville de Grado fut d'ailleurs engloutie en 1156 (source 'Liturgia') et la cité ne s'en remit plus jamais par rapport à sa splendeur passée...






Deux églises antiques particulièrement belles se trouvent dans la ville, elles ont échappé aux invasions et aux pillages en raison de la situation de Grado. L'église principale est la Basilica di Sant'Eufemia, accompagnée de son baptistère, et l'autre la Basilica di Santa Maria delle Grazie. 



Frioul-Vénétie julienne, Grado, Basilica di Sant Eufemia.

A l'avant-plan on voit à la croix patriarcale du Patriarcat d'Aquilée,
arborée fièrement. À l'arrière-plan on devine le baptistère et la cathédrale.



On a de la chance car la Basilica di Sant'Eufemia est ouverte et des chants d'une magnifique chorale nous accueille. La beauté de la basilique est à couper le souffle tellement ses proportions sont belles et équilibrées. Elle est de pur style roman. Le soleil couchant donne de chaudes couleurs aux murs. 



Frioul, Frioul Vénétie julienne, Grado, Basilica di Sant Eufemia,
La cathédrale San Eufemia est ouverte,
ses parties les plus anciennes (notamment le baptistère) remontent au VIe siècle.

Frioul, Frioul Vénétie julienne, Grado, Basilica di Sant Eufemia,

Frioul, Frioul Vénétie julienne, Grado, Basilica di Sant Eufemia,



La nuit tombant, la fraîcheur s'installe et pour manger on a l'embarras du choix, il y a plein de restaurants. Bien sûr on goûte les spécialités de poisson, elles sont délicieuses sur la presque-île... Pour finir on va au bord de la mer tester en pleine nuit les capacités techniques de nos appareils photos, le vin blanc était trop bon!  







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