16.37. Le bal

Début de l'histoire...



Sven


Alors le signal est donné pour l'ouverture du bal. Dans la plus grande salle du palais un deuxième orchestre commence à jouer, prenant le relais du premier qui nous accompagnait lors du dîner. Dans une plus petite salle un pianiste virtuose joue du Chopin. On y prend le café, des vins et les alcools accompagnés de desserts et de mignardises. J'y jette un œil, je projette de venir y musarder tantôt pour grappiller des morceaux de cédrat, d'angélique et d'orange macérés dans du sirop. Il y a même des marrons glacés et des noix confites! J'ai aussi repéré des quartiers d'orange fraîche dans un immense double bol contenant de la glace. Une valse viennoise retentit, Lorenzo et Circé ouvrent solennellement le bal. Ceux de la Leonessa ne me quittent plus des yeux. Un peu intimidé j'invite quand-même Morgane pour les premières valses. Je danse un slow avec Circé. Mais je suis vite lassé, je compte explorer les desserts de la petite salle pendant que Morgane danse avec mon second. Fabio et Morgane adorent danser, je peux les laisser ensemble l'âme en paix. En entrant dans le petit salon, je remarque deux garçons habillés en noir qui viennent chacun de se poster à une des portes du salon. Je m'apprête à ressortir, je veux interroger Cesare. Mais ce dernier apparaît tout souriant, comme s'il avait deviné mon angoisse.

- Cesare, ne bouge pas, c'est qui ces garçons habillés de noir qui me suivent depuis qu'on a quitté la table? Regarde discrètement, il y en a un debout à chaque porte du salon!

Cesare a un fou-rire.
- Ne t'inquiètes pas, ce sont tes anges gardiens supplémentaires, ordre de Circé. Avoue, jusqu'ici ils ont été discrets non? Tu ne les as même pas remarqués depuis ce matin! Maintenant Circé a demandé de resserrer ta garde.
- Mais enfin, de quoi a-t-elle peur?
- Lionceau, tu ne connais pas encore tous les enjeux autour de ta personne. Tu devras t'habituer à une garde rapprochée le temps de son absence. Ils te suivront même quand tu iras faire pipi.
- Eh bien, cela promet!
- Tu t'y habitueras vite; moi aussi je dois te surveiller en permanence. N'y pense plus, viens on va goûter toutes ces merveilles. Non Lionceau, plus de vin! Voici du jus de pamplemousse, tu verras, c'est très bon… Cela contraste bien avec les douceurs.

Je ris:
- Je préfère un bon bol de chocolat chaud accompagné d'un grand verre d'eau alors! Tu as des goûts bizarres! Bon, si je comprends bien je suis prisonnier dans mon propre palais? Je pourrai quand-même aller aux fêtes des vendanges? C'est pour jeudi et je te rappelle que c'est grâce à elles qu'on a congé scolaire pendant toute une semaine. La pauvre Morgane doit déjà repartir demain pour la Guelbie, elle n'a pas les mêmes congés que les Toscans.

Cesare sourit:
- Prisonnier? Tu y vas fort! Lionceau, tu sais que tu es libre d'aller où tu veux. Simplement tu dois nous prévenir et t'habituer à une escorte. Une fois Circé revenue, sa magie prendra à nouveau le relais. Une semaine, ce n'est pas la mer à boire, non?
- Bon, je vais pisser, je t'autorise à m'accompagner jusqu'à la porte. Cela voudra mieux que tes sbires. Après je vais me noyer dans les douceurs pour oublier mes lourdes chaînes.

Cesare prend un air catastrophé:
- Oh mon pauvre, comme je te plains de souffrir autant!


Le reste de la soirée je fais l'aller-retour entre le petit salon où j'écoute jouer le pianiste, et la salle de bal où j'admire la beauté des danses. Morgane est splendide, Fabio est un cavalier plein d'adresse. Il est particulièrement attentionné avec elle, ils vont bien ensemble. C'est amusant, certains convives parlent déjà d'une idylle entre eux, cela nous arrange. Plus la soirée avance plus la musique devient moderne. Je danse quelques rocks endiablés avec Morgane, notre synchronisation est parfaite et on déclenche des applaudissements. La nuit est très avancée quand Lorenzo et Circé disparaissent discrètement. Morgane et moi on se retire à notre tour, ainsi que tous ceux de la Leonessa. Deux charmants pages gardent l'accès de l'escalier principal. Mais derrière eux, cachés dans l'ombre, je vois deux hommes habillés de noir. Ils sont bien moins avenants. Les autres accès à l'étage sont tout aussi bien gardés. Fabio et Cesare ont reçu chacun une chambre à côté de la mienne. Morgane s'introduit discrètement chez moi grâce à la porte secrète entre nos deux chambres. On tombe de fatigue.



Premiers jours de vacances



Dionysos et le mois de la fête des vendanges...


Le lendemain matin le réveil est rude. J'accompagne Morgane et mon oncle à sa voiture blindée. Ils retournent ensemble, je suis heureux que mon oncle prenne si bien soin d'elle.
- Tu te rends compte mon ange? Dans deux semaines on aura tout un weekend rien que pour nous deux!
- Trop génial! Je me réjouis à l'avance!
J'ai difficile à quitter Morgane et mon oncle, mais je sais que je reverrai très vite Morgane et que mon oncle reviendra pour les fêtes des Rois.
Fabio et Cesare sont invités à rester toute la semaine au palais. Ils sont les seuls de la Leonessa à rester. Même Akira doit rentrer à Florence pour ses cours d'auto-défense. Ma garde est amputée des trois quarts, la tension se relâche. Ainsi après la fête le palais semble étrangement calme et ce n'est pas pour me déplaire… Je donne l'ordre pour que mes gardiens restent désormais à l'extérieur du palais, pour moi ce sont des étrangers. Ils dormiront dans une annexe à l'entrée, appelée 'la Porterie'. Après rude négociation j'obtiens l'accord de père et de Cesare. Seul les deux seconds de Cesare peuvent continuer à pénétrer dans le palais.


Les deux premières journées de vacances sont des journées réservées au repos. Père et moi on donne des ordres au majordome pour effacer les dernières traces de la fête. Les jardins sont quadrillés par la garde pour être sûr qu'il n'y ait plus aucun étranger dans le coin. L'ancien régisseur vient en visite au palais, j'ai prévu plusieurs entretiens avec lui au cours de la semaine. On doit voir ce qu'on peut faire pour contrer la sécheresse. Cela fait des mois qu'il n'a plus vraiment plu. Et maintenant nous arrive de l'est un vent torride et sec, ce qui aggrave encore les choses. Le régisseur est inquiet:
- De l'est il ne nous est jamais rien venu de bon! C'est de là que nous sont parvenus la peste et les envahisseurs meurtriers. C'est aussi de là que nous sont arrivées les plus horribles froidures…

Le deuxième soir Fabio, Cesare et moi on prend l'air frais sur la terrasse. Le ciel devient particulièrement sombre, peut-être va-t-il enfin pleuvoir? On remarque une lueur étrange de l'autre côté de la montagne, Fabio croit même apercevoir un éclair… Demain j'ai encore prévu une journée de travail avec le régisseur, je m'apprête à dormir tôt.





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